"Personne, sous aucun prétexte, n'obtiendra de moi que je consente a devenir le roi légitime de la Révolution"
Henri V

jeudi 29 novembre 2012

Le Baron d'Icher-Villefort

Pierre, François, Marie, baron d'Icher-Villefort, naquit à Béziers chez ses grands-parents maternels, le 31 janvier 1767.
Son père Raymond appartenait à la branche cadette de la famille d'Icher établie à Nant en 1678 ( alors le Rouergue).

Pierre d'Icher de villefort entre comme sous lieutenant au régiment de Limousin. Il a 22 ans, il est officier de chasseurs en garnison en Corse, quand éclate la "révolution" de 1789. Il émigre en 1791 et rejoins l'Armée des princes en Allemagne. Il sert dans les compagnies nobles d'ordonnance. Il est licencié des mousquetaires près de liège en 1792. Le 29 juillet 1793, il rejoint l'Armée de Condé et incorporé dans la cavalerie noble. Il participe aux campagnes en Russie et Italie, puis de nouveau licencié avec son armée le 4 mars 1801.

Sous Napoléon, il rentre chez lui à Nant ( Aveyron) et après un mariage malheureux, il se consacre au culte de Louis XVI, portant sur lui un médaillon représentant le Roi guillotiné et cette inscription : "Français, pleurez et vengez".
En 1811, il fait sculpter, à ses frais une statue de Louis XVI qu'il place dans le jardin de sa maison (l'actuel presbytère) et fête l'événement avec une vingtaine d'amis royalistes. Il tempête contre le curé de Nant qui refuse de célébrer un service funèbre à la mémoire du Roi louis XVI.
Le sous-préfet de Millau, Randon, originaire de St Jean du Bruel, surveille ce royaliste, et transmet son rapport au préfet, puis au ministre de la police et enfin à napoléon.
L'ordre est donné de détruire la statue et d'arrêter Icher de Villefort qui vas passer successivement des prisons de Millau, Montpellier et enfin à celle du Chateau d'If face à Marseille. Quant à la statue, elle est renversée par les gendarmes, et décapitée une première fois, sous le choc. Le maire de Nant la met à l'abris!
Après la chute de Napoléon en 1814, Icher libéré revient à Nant, fait réparer la statue et l'expose sur la place du claux. Quelque temps après, une nuit de juin 1814, la statue subit de nouveau un attentat sans gravité. Icher offre la statue à la ville de Nant qui décide de l'élever sur une colonne en pierre sur la place de Claux.
Le retour de Napoléon en 1815 contrarie ce projet. Icher fait preuve de son opposition à napoléon. Il est de nouveau en prison. La défaite de Waterloo le délivre une seconde fois.
Le Roi Louis XVII est de retour. La statue posée sur sa colonne est inauguré le 21 janvier 1815 après qu'Icher se soit emporté, cette fois contre le maire de nant. Jules Fadat qui démissione.

C'est le beau-frère d'Icher, Gabriel d'Ysam Freissinet qui devient maire. La place du Claux s'appellera place Louis XVI, de 1815 à 1830.
Après la "révolution" de 1830, jules Fadat redevient maire. Dans la nuit du 28 au 29 mars 1831, la statue est décapitée pour la seconde fois, et sa tête, probablement jetée dans la Dourbie, n'a jamais été retrouvée.

Icher reprend sa statue, lui fait sculpter une nouvelle tête et l'installe dans le jardin de sa maisonnette, route de millau.
Il voit avec fureur l'avènement de la II° république, puis Napoléon III, mais par respect pour son âge, on ne s'émeut plus de ses esclandres qui n'ont plus de prise sur la population nantaise.

Il finit sa vie pauvrement, le régime de louis-Philippe ayant décidé de lui couper sa retraite sous la raison de son attachement aux Bourbons.
Il meurt le 7 janvier 1855, à l'âge de 88 ans et repose au cimetière de Nant.

Pendant une nuit d'hiver, en 1989, la statue a été décapitée pour la 3° fois. On a toujours pas retrouvé la tête.
En 2001, la commune de Nant a acheté la statue, qui est exposée, sans tête, dans le hall de la mairie.

La statue était restée dans le jardin de sa maisonette de 1831 à 2001.

Pierre Icher de Villefort a écrit diffèrents ouvrages :

"Discours historique en forme d'adresse à la Nation Française (sur la mort de Louis XVI) Dusseldorf 1793.

"Voyage à la Fontaine de vaucluse" suivi d'un "Essai sur Pétrarque" publié en 1809. (il existe un exemplaire à la Bibliothèque de Montpellier).

Le discour de M. le baron d'Icher de Villefort au Roi, le 30 mai 1814, jour où il eut l'honneur d'être présenté à sa Majesté, par M.le duc de Duras.

Le discours aux pieds de S.M.Louis XVII le 5 août 1814.

Réfutation de la "dénonciation au Roi" de M. Méhée de la Touche, par un baron sans baronie et non sans épée. Paris 1814 (120 pages Bibliothèque Nationale)

Et enfin Pierre Icher de Villefort qui ne manquait pas d'esprit, proposait de faire graver sur la tombe de Robespierre l'épitaphe :

"Passant bénis ton sort, si je vivais tu serais mort"


Cet homme fut dépossédé de ses biens comme immigré, ruiné par la défense et l'expression de ses idéaux (croix, statue de louis XVI, urne funéraire à la mémoire du duc d'Enghien, voyages et publications), privé de sa pension par la "monarchie de juillet", Il termina ses jours dans la misère mais sans avoir renier son engagement.

Toute sa vie son combat fut pour la mémoire de Louis XVI, la Royauté et Dieu.


On peut lire sur le sujet : "Les souvenirs d'émigration du Baron d'Icher-Villefort" présentés par Gaston Laurans-Edition de l'Entente Bibliophile-1973

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