"Personne, sous aucun prétexte, n'obtiendra de moi que je consente a devenir le roi légitime de la Révolution"
Henri V

samedi 2 mars 2013

2 et 3 MARS 1793

La guerre de Vendée est le nom donné à la guerre civile qui opposa partisans (bleus) et adversaires (blancs) du mouvement révolutionnaire dans l'Ouest de la France, entre l'An I et l'An IV (1793 et 1796) au cours de la Révolution française, et plus particulièrement pendant la Première République.
Elle fut étroitement liée à la Chouannerie, l'ensemble de ces deux conflits étant parfois connu sous le nom de Guerres de l'Ouest. La chouannerie se déroula sur la rive droite de la Loire, tandis que le soulèvement vendéen eut lieu sur la rive gauche. Le terme Vendée militaire désigne d'ailleurs le territoire insurgé au sud du fleuve.
Comme partout en France, la Vendée a connu des manifestations paysannes, entre 1789 et 1792. Mais c'est au moment de la levée en masse, en 1793, que la révolte ou rébellion vendéenne, aussi appelée insurrection vendéenne, s'est déclenchée dans un premier temps comme une jacquerie paysanne classique, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire.
Étalée sur trois années, la guerre a connu plusieurs phases, avec une brève période de paix, au printemps 1795. Elle s'est terminée au début de l'année 1796, après avoir fait plus de 200 000 morts et causé de nombreuses destructions.
Au départ, cette insurrection ne diffère guère des autres insurrections qui se développent en France au printemps et à l'été 1793. La différence, c'est que, partout ailleurs, les troupes viennent à bout des émeutes. En Vendée, au contraire, une colonne armée de soldats de métier est défaite le 19 mars au Pont-Charrault, entraînant la région d'un affrontement limité vers une guerre civile. Au nord de la Loire, les mouvements insurrectionnels sont réprimés brutalement mais efficacement en un mois.
Les première émeutes débutent à Cholet le dimanche 3 mars, des jeunes gens du canton réunis par le district « pour prendre connaissance des modalités du recrutement du contingent local pour la levée des 300 000 hommes » manifestent leur refus de partir. Les émeutiers s'attaquent à des grenadiers, deux d'entre-eux sont blessés. Les gardes nationaux répliquent en ouvrant le feu sur la foule, trois personnes sont tuées. Le premier sang de la guerre de Vendée est versé.
L'insurrection se propage, le 12 mars, 600 paysans se rassemblent à Saint-Florent-le-Vieil pour s'opposer au tirage au sort. Ils mettent en fuite la garde nationale de la ville, pillent les maisons des Bleus et les caisses du district, puis dépensent le butin dans les auberges du bourg et des alentours.
Le lendemain, 13 mars, certains d'entre eux vont chercher le marquis de Bonchamps au château de La Baronnière en La Chapelle-Saint-Florent et insistent pour qu'il prenne la tête du mouvement et organise la troupe. Sous son commandement, les rebelles mettent en fuite la garnison de Montjean-sur-Loire. D'anciens soldats, comme le caporal Jean Perdriau, sont placés à la tête des bandes, enseignant leur savoir aux autres.
Cultivateur et colporteur au Pin-en-Mauges, Cathelineau « rassemble quelques voisins, fait sonner le tocsin, demande au prêtre réfractaire de bénir sa petite troupe, abat le drapeau tricolore qui flottait sur l'église et court rejoindre le gros des insurgés ». Le 14, menés par Cathelineau et Perdriau, les insurgés s'emparent de Jallais (bataille de Jallais). La foule marche ensuite en direction de Chemillé, ils sont rejoints en chemin par les paysans des environs de Maulévrier, menés par Jean-Nicolas Stofflet qui s'est rendu maîtres de Vezins. D'autres paysans, toujours plus nombreux, se joignent à la horde. Le 14, Chemillé tombe, la plupart de ses défenseurs sont faits prisonniers, et les révoltés s'emparent de plusieurs canons. Dans les jours qui suivent les insurgés prennent le contrôle des paroisses rurales, les administrateurs et républicains locaux sont tués, faits prisonniers, ou contraints de fuir, le 13 mars, 25 à 35 gardes nationaux de Mortagne-sur-Sèvre sont fusillés entre Tiffauges et Montaigu.
Le 14 mars, la bande de Cathelineau en rencontre une autre, emmenée par Stofflet, ancien caporal et alors garde-chasse d'un château à Maulévrier. Sous la conduite du second, la troupe, forte de 15 000 hommes, attaque Cholet, une ville d'environ 7 000 habitants, gardée par 500 gardes nationaux, 80 cavaliers et une dizaine de canons. Encerclés par les insurgés, 300 républicains trouvent la mort, contre une quarantaine d'insurgés. Entrés dans la ville, ces derniers « saccagent les locaux de la municipalité et des administrations, pillent quelques habitations des patriotes les plus en vue et célèbrent dans les auberges une victoire péremptoire (première bataille de Cholet). En cinq jours, les insurgés se sont rendus maîtres des Mauges, c'est-à-dire de la moitié méridionale, située au sud de la Loire, du département du Maine-et-Loire ». Sur l'autre rive, les gardes nationaux l’emportent et font vingt-cinq prisonniers, dont vingt-deux sont guillotinés à Angers (combat de Loiré).

Le Massacre de Machecoul, huile sur toile de François Flameng (1856-1923) réalisée en 1884.
De même que l'Anjou, le Pays de Retz se soulève massivement, acculant les Nantais à l'impuissance devant la multiplicité des interventions nécessaires ». Durant la première semaine, les sites de la protestation sont extrêmement éparpillés. Parmi les chefs choisis par les paysans, on relève François-Athanase Charette de La Contrie, Louis-François Ripault de La Cathelinière et Louis Guérin. Le 11 mars, des milliers de protestataires venus des communes voisines prennent Saint-Philbert-de-Grand-Lieu sans combat, avant de marcher sur Machecoul qui est prise d'assaut. Dans cette dernière ville, les insurgés du Pays de Retz mettent en place un comité présidé par René Souchu, qui de mars à avril, fait fusiller 150 à 200 patriotes (Massacres de Machecoul).
Le 12, la garde nationale tire sur les manifestants pour dégager les abords de Paimbœuf, menacé par des paysans venus de 32 communes proches de la petite ville ; Danguy, le noble qui les conduit est capturé et guillotiné à Nantes. Le 23 mars, menés par La Roche Saint-André, les Paydrets attaquent et envahissent Pornic, avant d'en être chassés quelques heures plus tard par une contre-attaque des gardes nationaux, 216 paysans sont tués au combat ou fusillés (première bataille de Pornic). Quatre jours plus tard, menés cette fois-ci par Charette les paysans prennent leur revanche et reprennent la ville de Pornic qui est en partie incendiée (deuxième bataille de Pornic).
Dans le département de Vendée, les insurgés chassent la garde nationale de Palluau, entre le 12 et le 14 mars, et s'emparent du Marais breton ; les notables patriotes de Saint-Gilles et de Challans s'enfuient vers les Sables-d'Olonne. À l'intérieur des terres, dans le Bocage, la plupart des petites villes sont envahies ; La Roche-sur-Yon, Tiffauges, Mortagne-sur-Sèvre et Clisson sont prises sans opposer de résistance, suivies de Montaigu, suite à un court combat. Le 12 mars, 3 000 insurgés du sud de la Vendée, menés par Charles de Royrand, Sapinaud de La Verrie et Sapinaud de La Rairie viennent prendre position aux Quatre-Chemins, carrefour des routes de Nantes à La Rochelle et des Sables-d'Olonne à Saumur. Deux jours plus tard, voulant en disputer le contrôle, la garde nationale du chef-lieu du département, Fontenay-le-Comte, est victime d'une embuscade et prend la fuite sans combattre.
Les jours suivants, 35 000 hommes se réunissent à Chemillé pour tenter de s'organiser en une véritable armée. Plusieurs nobles, souvent d'anciens officiers, les ont rejoints : Charette, d'Elbée, Lescure, La Rochejaquelein. Ces chefs issus de la petite noblesse ne se sont pas imposés de leur propre initiative à ces bandes de villageois. D’une foi religieuse généralement peu intense, ayant pu conserver tous leurs biens depuis 1789 et s'étant même matériellement enrichis par l'achat important de biens nationaux provoqués par la Révolution, ils ne sentent pas spontanément responsables de ces bandes insurgées. Ce n'est que plus tard qu'ils sauront récupérer la colère populaire pour lui donner un tour nettement catholique et royaliste.
Le but de la nouvelle armée est de s'emparer de Chalonnes, avant-garde d'Angers. Comprenant l'intérêt stratégique de le défendre, les républicains ont concentré 4 000 hommes et 5 canons. Le 22, malgré l'avis du maire et des officiers de la garde nationale, les municipaux et la foule se rendent aux Blancs ; les gardes nationaux se replient vers Angers en jetant leurs canons dans la Loire. Alors qu'Angers s'attend à un assaut imminent, l'armée se dissout et les combattants rentrent dans leurs foyers. « On s'était soulevé pour éviter d'être soldat et il n'était pas question de le devenir pour rétablir la monarchie dans la capitale. Plus qu'un soulèvement contre-révolutionnaire, la rébellion demeurait encore une jacquerie contre les exigences jugées intolérables de la nation ».
Les républicains tentent de reprendre l'avantage. Sous les ordres du général Marcé, chargé par la Convention de mater la rébellion, une colonne de 2 200 soldats, 100 cavaliers, dotée de 8 canons, cherche à traverser la zone insurgée de La Rochelle à Nantes. Le 17 mars, à Chantonnay, la colonne met en fuite les paysans, qui abandonnent une quarantaine de morts et 3 canons. Le soir du 19, alors qu'elle s'apprête à bivouaquer dans un fond de vallée, dans le Bocage vendéen, elle est prise dans une fusillade. Se débandant, la colonne fuit vers La Rochelle, qu'elle rejoint en une nuit. À son arrivée, Marcé est destitué et arrêté.
La capacité offensive des forces républicaines a été anéantie. Les gros attroupements des jours précédents se développent encore, sous le commandement d'une poignée de nobles comme Royrand et Sapinaud. Toutefois, les bandes du Marais breton et du bas Bocage, soit 10 000 hommes, sous les ordres de Jean-Baptiste Joly, un ancien sergent de l'armée royale, échouent par deux fois dans leur tentative de s'emparer des Sables-d'Olonne, les 24 et 27 mars (ce jour-là, ils perdent 300 hommes, contre 2 pour les républicains).
Du 24 au 29 mars, Jean-Baptiste Joly, à la tête de plusieurs milliers de paysans, tente à deux reprises de s'emparer des Sables-d'Olonne il est à chaque fois repoussé avec de très lourdes pertes (première bataille des Sables-d'Olonne et deuxième bataille des Sables-d'Olonne)File:Coeur-chouan.jpeg

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire