Nous partageons ici le très bon article de nos amis du Cercle Robert de Baudricourt, de Lorraine.
« Je m’appelais, Marie-Antoinette Lorraine d’Autriche »
En ce 16 Octobre 1793,
il est très exactement 12h15 lorsque la tête de Marie-Antoinette, Reine
du Royaume Catholique de France, tombe dans le panier du bourreau.
Femme, Reine et mère, Marie-Antoinette est lâchement exécutée après un procès
honteusement truqué, dont s’inspireront par la suite les plus sombres dictatures
des temps modernes.
Rien ne peut
justifier la violence que les révolutionnaires les plus cruels ont fait subir à
notre malheureuse Reine. Après la condamnation et la mort de sa majesté le Roy
Louis XVI, le 21 janvier 1793, elle endure une souffrance physique et morale
insupportable qui lui fera dire qu’elle n’a « plus de larmes pour
pleurer ». Dans la tour du temple la Reine s'agenouille devant son fils
devenu Louis XVII, les grandes puissances européennes reconnaissent
"l'enfant Roy" comme tel. Très précoce pour son âge et témoin
des exactions perpétrées contre ses parents, ainsi Louis XVII demanda-t-il
"Maman sommes nous des martyrs ?". Les monstres sans culottes
décorés de la cocarde tricolore feront encore endurer par la suite à la
Reine la monstrueuse séparation de son fils...
C’est un
tribunal révolutionnaire et donc illégitime, plus avide de haine que de justice
qui a prononcé son effroyable condamnation, alors qu’il n’y avait aucunes
charges à son encontre. Elle a ainsi subi un procès perdu d’avance. La
souveraine qui répond à ses juges assassins en déclinant son identité, parlant
déjà d’elle-même à l’imparfait « Je m’appelais Marie Antoinette Lorraine
d’Autriche », avait sans doute conscience du simulacre de justice.
Innocente des crimes
dont l’accuse la Franc-maçonnerie, coupable d'être Reine de France, elle est
sauvagement guillotinée, et rend son âme à Dieu le 16 Octobre 1793.
Son Testament, comme celui du Roy Louis XVI, demeure un témoignage poignant de
foi, d’amour, de fidélité pour la France, de courage et de sincérité.
Lorsqu'elle est sortie de la charette, elle est montée et à couru toute
seule vers l'échafaud, la Reine de France dans ses derniers instants, présente
ses excuses à son bourreau pour lui avoir marché sur le pied…
Que du haut du Ciel,
notre regrettée Reine bénisse et accorde sa protection au beau Royaume de France
qu’elle a tant aimé.
Ce 16 octobre, à quatre heures et demie du matin.
C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois. Je viens d'être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moment. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien. J'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants; vous savez que je n'existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J'ai appris, par le plaidoyer mérite du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose lui écrire ; elle ne recevrait pas ma lettre; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eux deux, ici, ma bénédiction.
J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer; que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur.
Que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui, et son amitié pourront lui inspirer. Que mon fils, à son tour, rende à sa soeur tous les soins et les services que l'amitié peut inspirer : qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu'ils prennent exemple de nous ! Combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation ! Et dans le bonheur, on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami. Et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu'il ne cherche jamais à venger notre mort.
J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine; pardonnez-lui, ma chère sœur; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas. Un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n'en aurais réellement pas eu le temps.
Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle ou j'ai été élevée et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle et à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion ; et même le lieu où je suis les exposerait trop, s'ils y entraient une fois.
Je demande sincèrement pardon à dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer.
Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis; l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant; qu'ils sachent du moins que, jusqu'à mon dernier moment, j'ai pensé à eux ! Adieu, ma bonne et si tendre sœur; puisse cette lettre vous arriver ? Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que mes pauvres et chers enfants : mon dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu! je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on 'amènera peut-être un prêtre; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger.
http://beaudricourt.hautetfort.com/archive/2011/10/16/je-m-appelais-marie-antoinette-lorraine-d-autriche.html
Pour en savoir plus chez Chiré :
http://www.chire.fr/A-126886-la-desinformation-autour-de-marie-antoinette.aspx
http://www.chire.fr/A-151413-marie-antoinette-reine-de-france-1755-1793.aspx
http://www.chire.fr/A-160093-marie-antoinette-journal-d-une-reine.aspx
http://www.chire.fr/A-119292-memoires-sur-la-vie-privee-de-marie-antoinette-en-4-tomes.aspx
et Aux Livres en Famille :
http://www.livresenfamille.fr/p3596-paul_belaiche_daninos_les_soixante_seize_jours_de_marie_antoinette_la_conciergerie_tome_1.html
http://www.livresenfamille.fr/p3597-paul_belaiche_daninos_les_soixante_seize_jours_de_marie_antoinette_la_conciergerie_tome_2.html
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