Voici un entretien de Florian, légitimiste alsacien paru sur le site Vu de France.
Très bonne lecture à tous nos amis qui veulent mieux connaitre notre famille de pensée.
ENTRETIEN AVEC FLORIAN
Nous vous proposons en ce jour un entretien très enrichissant, réalisé avec un jeune royaliste (légitimiste) de l’est du royaume de France. Membre de l’UCLF, Florian répond à toutes nos questions sans jamais perdre de vue l’essentiel : La France est catholique et royale ou n’est pas…
VdF
Âgé de bientôt vingt-cinq ans, je suis étudiant en master et prépare les concours de l’enseignement de l’histoire-géographie à Strasbourg. Né à Nice de parents aux origines diverses (allemandes, italiennes, franc-comtoises), je suis cependant très attaché à l’Alsace où je vis depuis près de vingt ans maintenant. Royaliste et légitimiste, c’est à dire fidèle à l’aîné des Capétiens en la personne de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Louis XX, je suis président depuis sa création du Cercle Saint-Materne, seule association légitimiste d’Alsace. Nous sommes rattachés à l’Union des Cercles Légitimistes de France à laquelle notre cercle est en train d’adhérer.
VdF : Pour quelles principales raisons êtes-vous royaliste ?
Il y a tellement d’arguments qui font de moi un royaliste convaincu… Si je puis me permettre, je les résumerais en trois mots : amour, foi et raison.
Le premier dans l’ordre chronologique est pour moi d’ordre sentimental. Depuis tout petit, j’ai toujours été fasciné par les rois, je connaissais la liste des rois de France par cœur. J’avais conscience qu’ils avaient fait la gloire de ce pays que j’aimais tant.
A l’adolescence, j’étais déjà royaliste même si je n’avais pas de doctrine solide. Je m’en suis hélas un peu éloigné au lycée, sans jamais renier, avant d’y revenir pendant mes études. Ce fût presque inconsciemment que mon regard se tourna alors vers celui que les règles dynastiques bénies par la Providence désignaient, et ce avant même de connaître les Lois Fondamentales.
La deuxième raison est religieuse. C’est ma découverte de la Tradition catholique qui opéra en moi une véritable conversion, qui me fit réellement apprécier tous les bienfaits de la monarchie et, surtout, son extrême cohérence avec la doctrine catholique. Je ne peux entrer ici dans les détails mais par exemple, l’alliance du Trône et de l’Autel qui épouse on ne peut mieux la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, ou encore la recherche du Bien commun que poursuit le monarque, la volonté de faire vivre les sujets selon la vertu qui est caractéristique de la véritable autorité, très éloignée du pouvoir sans freins moral et religieux qu’ont nos dirigeants modernes ! Enfin, l’action de la Providence se vérifie dans l’histoire. L’épisode le plus éclatant étant bien évidemment sainte Jeanne d’Arc qui reçut pour mission divine de faire sacrer le roi légitime, Charles VII. C’est un exemple frappant pour tous les catholiques qui pensent que Dieu ne se préoccupe pas de la politique des hommes ! Je peux ainsi faire mienne cette affirmation du Comte Maurice d’Andigné, « Avant d’être royaliste, je suis catholique et français. Je dirais même que je ne suis royaliste que parce que je suis catholique et français ».
Je me suis ensuite intéressé de plus près à la Monarchie française, à son histoire et à ses institutions. C’est là qu’est venue la troisième raison qui ne fit qu’affirmer mon attachement au Roi. En effet, mes lectures me firent découvrir toute la beauté des institutions de l’Ancienne France, ainsi que la cohérence et l’intégrité de la doctrine royale capétienne traditionnelle. Je découvris alors l’ampleur des mensonges républicains, notamment sur les valeurs erronées ou faussées que l’on retrouve dans la devise républicaine que nous connaissons tous. Je me rendis compte à quel point la démocratie, en plus d’être une utopie, était un leurre et plus que jamais dans nos sociétés modernes ! Au contraire, il m’apparut comme évident que le gouvernement d’un seul, désigné par une règle intangible sans que les hommes puissent intervenir, d’un homme qui n’a pas besoin de séduire les foules pour obtenir et garder son pouvoir et qui doit transmettre à son fils un royaume en bon état, était à la fois bien plus naturel et surtout meilleur. Comme Claude de Seyssel, le célèbre conseiller de Louis XII, il est pour moi évident que la monarchie est meilleure que toutes les autres formes de gouvernement, et que, comme il le dit lui même dans sa Monarchie de France, la Monarchie française est « mieux réglée que nulle autre », principalement grâce à l’œuvre sublime que sont les Lois Fondamentales du Royaume, la constitution non écrite qui régissait les institutions de l’Ancienne France.
VdF : Vous êtes membre de l’UCLF. Merci de nous la présenter. D’une manière générale ne trouvez-vous pas que cette association est trop peu visible ?
L’UCLF a été fondée en 1979 par Monsieur Gérard Saclier de la Bâtie. Celle-ci prenait en fait la suite de l’Association générale des Légitimistes de France, fondée en 1956 à la demande de Monseigneur le Prince Jacques-Henri de Bourbon, dit Henri VI, le grand-père de notre Prince Louis. C’est lors de la même année 1956 que fût créée La Gazette royale, qui est toujours aujourd’hui le bulletin trimestriel de l’UCLF.
Il est nécessaire de préciser immédiatement que l’UCLF n’est pas un parti. En tant que royalistes, nous sommes évidemment contre la logique des partis qui divise le pays et paralyse la politique nationale. L’histoire depuis la Révolution nous a également appris que la participation au jeu démocratique ne pouvait que faire reculer nos idées et qu’utiliser les armes de l’ennemi ne serait d’aucun bénéfice pour notre combat. Pire encore, elle nous a divisé, nous a fait perdre des forces et fait tomber beaucoup d’anciens royalistes dans les partis républicains.
L’UCLF a donc pour but de coordonner les diverses associations légitimistes qui agissent dans le cadre des anciennes provinces. C’est un système volontairement décentralisé, avec des associations autonomes se développant au sein des provinces historiques et non pas des départements républicains qui sont, pour un grand nombre, des entités factices et totalement déracinées.
Le but premier de l’UCLF, visible sur leur site internet, est « d’étudier et de faire connaître la légitimité historique française et de servir de lien entre les associations ayant le même but ».
L’accent est donc mis sur la formation doctrinale politique, philosophique et aussi historique.
Le président de l’UCLF est actuellement Monsieur Pierre Bodin.
Concernant votre deuxième question, l’UCLF est visible sur internet par un site officiel (www.uclf.org), sa bibliothèque en ligne Vive le Roy (www.viveleroy.fr) qui met à disposition une documentation de plus en plus abondante pour la formation à la doctrine monarchiste capétienne traditionnelle, ainsi que par son Forum du Royaume de France (royaume-de-france.clicforum.com/) qui connaît une activité non négligeable. Les universités d’été Saint Louis ont de plus en plus de succès auprès des jeunes. Des cercles possèdent leur propre site internet, voire une presse (Bretagne, Lorraine, Provence, etc.)
Il est vrai que l’UCLF ne possède pas le même éclairage que d’autres mouvements royalistes. L’association a fait le choix de privilégier le contenu à la forme. C’est d’ailleurs ce qui m’a attiré chez eux. La qualité de la formation doctrinale y est incomparable par rapport à celle que l’on trouve dans la plupart des autres associations royalistes qui tombent fréquemment dans le piège de l’activisme et du combat démocratique, combat perdu d’avance.
Cependant, de nombreux membres de l’UCLF sont conscients qu’il est nécessaire de développer notre audience et que pour cela, il nous fallait par exemple utiliser au mieux et plus fréquemment de nouveaux formats et faire des efforts de communication. Le forum notamment rencontre un succès important et permet, non seulement aux légitimistes d’échanger sur de nombreux sujets, mais aussi à des visiteurs curieux de découvrir nos idées. Parallèlement, une page Facebook de l’UCLF a été créée très récemment.
Les présidents de cercles ont des projets divers. Chez nous en Alsace, nous prévoyons par exemple de réaliser quelques vidéos ainsi que des conférences.
Plus généralement, plusieurs membres de l’UCLF témoignent du nombre croissant de jeunes intéressés par notre combat, ce qui montre le dynamisme de l’association. Cependant, si nous désirons améliorer notre visibilité, notre but reste de ne faire aucun compromis sur la doctrine et sur nos principes. Cette droiture, cette cohérence et cette rectitude font selon moi partie des atouts majeurs de l’UCLF.
VdF : Il n’existe pas que l’UCLF comme association royaliste. Toutes ces associations sont également peu connues, voire inconnues de nos compatriotes. Le regrettez-vous ? Comment l’expliquez-vous ?
En effet, il existe des myriades d’associations royalistes, plus ou moins valables d’ailleurs. Elles sont, pour la plupart, peu connues des Français car elles n’ont pas accès aux grands médias. C’est regrettable mais le système est ainsi. Tout ce qui est hostile à la République, à l’Union européenne ou à d’autres forces qui dominent notre société, n’a aucune place dans les médias. De plus, il faut ajouter que les associations royalistes ont en général très peu de moyens. Cela rend la tâche encore plus difficile. Beaucoup de Français ne pensent même pas à se tourner vers nous, car pour eux l’alternative royale n’est plus envisageable. On voit ici que la propagande républicaine a porté ses fruits. Heureusement, le développement d’internet est un très grand apport pour nous et a permis aux royalistes d’être bien plus visibles. C’est d’ailleurs grâce à internet que j’ai pu en partie me former et aussi découvrir l’UCLF, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant.
VdF : Le royalisme prône l’unité, mais les royalistes sont divisés en multiples chapelles (légitimisme, orléanisme, survivantisme, providentialisme). Déplorez-vous cet état de fait ? Comment expliquez-vous cette multiplicité doctrinale ?
Il est vrai que la base du royalisme est normalement l’unité autour du souverain. Hélas, cela n’est pas le cas. Tout comme avec l’Église où certains que l’on nomme hérétiques se sont séparés de la foi, certains courants royalistes se sont éloignés à la fois du souverain légitime et de la doctrine capétienne traditionnelle. Cela est le cas depuis le début de la Révolution quand les monarchiens qui souhaitaient une monarchie plus libérale, à l’anglaise, se sont dressés contre le Roi. Aujourd’hui, un grand nombre de mouvements royalistes se sont laissé tenter par le libéralisme et pas seulement les fidèles de la branche des Orléans. C’est en effet déplorable mais cela est l’œuvre de la Révolution qui ne cesse de diviser depuis 1789.
Dans nos cercles, nous répétons à temps et à contretemps que l’unité des royalistes, et même des Français, ne peut se faire qu’autour du Roi légitime et de la tradition monarchique capétienne traditionnelle. En aucun cas une union œcuménique provisoire à des fins électorales ne porterait des fruits, puisqu’elle ne ferait que repousser à un hypothétique et utopique lendemain les querelles dynastiques et faire avancer les idées libéralo-orléanistes révolutionnaires parmi les royalistes. Je passerai sur le survivantisme qui, à mes yeux, n’est pas très intéressant puisqu’il concerne des gens qui n’acceptent pas les preuves historiques désormais irréfutables de la mort de Louis XVII en 1795. Le providentialisme est en revanche plus problématique, puisque c’est une position qui peut facilement séduire des catholiques. Cette position se résume à une attente d’un monarque envoyé par Dieu. Dans ce cas, aucune promotion du Roi ne peut être faite vu qu’il ne s’est pas encore manifesté. Les providentialistes peuvent donc assez facilement se laisser gagner par la passivité. Notre position est de rester fidèles à la dynastie choisie par Dieu pour la France. En témoigne l’exemple glorieux de Jeanne d’Arc. Nous ne pouvons connaître à l’avance les plans de Dieu et nous agissons dans le présent.
VdF : Qui, selon les lois fondamentales du royaume, serait ou est le roi de France ?
Les Lois fondamentales sont la constitution non écrite de l’Ancienne France. On entend souvent dire que la France n’avait pas de constitution avant la République. C’est absolument faux ! Simplement, elle n’était pas écrite, tout comme le Royaume-Uni aujourd’hui n’a pas de constitution à proprement parler, mais un ensemble de lois et de textes législatifs.
C’est peut-être l’œuvre majeure des Capétiens car c’est elle qui assurait « la tranquillité de l’ordre » dont parle saint Augustin, ainsi que « l’unité de la paix » chère à saint Thomas d’Aquin. En effet, ces institutions permettent la continuité du Bien commun en soustrayant la désignation du dirigeant au choix des hommes, ce qui permet d’éviter les passions et conflits qu’entrainent indubitablement ce choix. Nous pouvons d’ailleurs voir ces passions en action à chaque élection…
Les Lois Fondamentales représentent donc le principal héritage de la monarchie capétienne, avec l’alliance du Trône et de l’Autel. Nous y sommes particulièrement attachés.
Pour revenir à votre question après cette brève explication, les Lois fondamentales sont claires et irréfutables pour désigner le Roi, ce qui fait qu’il n’y a pas normalement de « prétendant » au trône de France. Le Roi de France est Louis XX, et ce depuis la mort tragique de son père Alphonse II le 30 janvier 1989. En France, nous avons ainsi toujours un roi, jamais de vacance du pouvoir. C’est ce que signifie l’adage « le Roi est mort, vive le Roi ! ». Cela faisait dire à notre Prince, à la suite de son père, « je ne prétends à rien, je suis ».
Henri d’Orléans est 81e dans l’ordre de succession. Je suis obligé de le préciser puisque les Orléanistes revendiquent le trône pour ce dernier en niant ainsi les Lois fondamentales. Ne pas tenir compte de ces lois, c’est tout simplement faire fi de l’héritage construit patiemment par nos rois. Je rappelle également que ces lois permettent aussi que le monarque ne tombe pas dans la tyrannie. En effet, il n’est pas propriétaire de la couronne et ne peut modifier l’ordre de succession.
VdF : Comprenez-vous que des royalistes soient attirés par le vote contestataire, représenté à tort ou à raison par le Front national depuis les années 1980 ?
Il faut d’abord lever une première ambiguïté. Le « vote contestataire » est un leurre qu’utilisent les Républicains depuis 1870 principalement pour nous convertir aux idées révolutionnaires. Léon Gambetta ne disait-il pas que « l’esprit de démocratie a envahi toutes les cervelles et pénétré jusqu’à nos adversaires les plus avérés » ?
Saint Thomas avançait très justement l’idée que « la forme dépend nécessairement de la fin de l’action », autrement dit que l’on doit agir comme l’on pense, mais aussi que nos actions modèlent notre façon de penser. C’est ce qui s’est passé avec les catholiques, surtout depuis le ralliement à la République prôné à tort, comme il l’a reconnu lui-même à la fin de sa vie, par le pape Léon XIII. A force d’agir en libéraux, les catholiques et les royalistes ont fini par penser de plus en plus en libéraux. Le Front National, héritier du Boulangisme populiste mais aussi de l’Orléanisme politique et de l’Action Française maurrassienne, s’est présenté dans les années 1980 comme un parti voulant restaurer les valeurs originelles de la France. Le FN de Jean-Marie Le Pen jouait volontairement sur les symboles catholiques et royalistes pour les attirer. Beaucoup de ces royalistes furent séduits et se mirent à penser que le FN pouvait être un moyen de salut pour lutter contre le système républicain, voire un tremplin vers une restauration monarchique.
Cependant, le FN de Marine Le Pen n’entretient aujourd’hui plus aucune ambiguïté. Il est clairement républicain, démocrate et laïciste. Les positions de Marine Le Pen, notamment sur l’avortement, sont anticatholiques. Voter, pour quelque parti que ce soit, c’est entretenir la machine. Ce n’est pas pour rien que l’abstention affole tant les politiciens ainsi que les médias. Le vote FN est utilisé pour canaliser les mécontentements dans une forme républicaine et démocrate, aux faux airs dissidents et antisystèmes. Il suffit de voir la place occupée par Marine Le Pen et son parti dans les médias pour se rendre compte de la supercherie, quand on sait qu’aucune place n’est destinée aux vrais contestataires antirépublicains, et même aux opposants sérieux à l’Union européenne.
Voter FN, c’est donc à la foi inutile et contraire à la doctrine catholique, notamment à cause de la position du parti sur l’avortement.
VdF : Quel est votre avis sur les manifestations de rue contre les lois anti-naturelles ?
Il faut d’abord noter qu’il est rassurant de voir qu’un nombre conséquent de Français sont encore choqués par les attaques républicaines contre les lois naturelles et la famille. Je ne serai donc pas méprisant envers ces révoltes de personnes de tous âges qui se sont levées afin de montrer leur indignation devant ces abominations. Notre Prince les a d’ailleurs qualifiées récemment, dans un entretien au Mouvement Catholique des Familles, de réactions « admirables », en évoquant ces « millions de personnes dans la rue, ces familles, ces parents et grands-parents, ces enfants, (qui) tous ont voulu montrer leur attachement à la famille traditionnelle, creuset de la société ».
Cependant, ce constat positif ne nous empêche pas d’analyser ces mouvements, leur composition et leur efficacité.
En effet, nous avons vu avec ces manifestations, l’idée de rassembler tous les opposants au « mariage » contre-nature, sans aucune étiquette politique ou religieuse. Penchons nous sur les résultats. En effet, nous pouvons nous réjouir du nombre très important de participants à ces manifestations. Cependant, quelles en furent les conséquences ? La loi a-t-elle été retirée ? Aucunement. La pétition auprès du Conseil économique et social rassemblant plus de 700.000 signatures n’eut pas plus de succès. Cela nous montre que la démocratie est bel et bien un mythe et qu’en plus de cela, ce n’est pas le nombre qui permet de remporter des victoires.
Je pense que ces manifestations sont typiques de la manière de procéder des catholiques depuis au moins plus de cent ans. Ils sont toujours à la remorque des progressistes, à répondre à leurs attaques. La République fait tout pour détruire la famille depuis la Révolution : divorce, mariage civil, contraception, avortement, pacs, etc. Ce n’est pas nouveau ! Au lieu de s’attaquer à la source de ces maux, c’est à dire la République, les catholiques s’obstinent à protester, de manière impuissante et isolée, simplement contre ses méfaits. La plupart du temps, cela se fait en plus en employant les méthodes révolutionnaires que sont le vote, les manifestations ou encore les pétitions, méthodes qui ne peuvent que faire avancer la Révolution puisqu’on finit toujours par penser comme on agit. Pire encore, nous avons vu en tête des « Manif Pour Tous » des jeunes femmes coiffées de bonnets phrygiens ! « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet…
Tant que les catholiques et les hommes de bon sens n’auront pas compris que, pour en finir durablement avec toutes ces attaques aux lois naturelles, il faut d’abord en finir avec leur cause qui est la République, tout cela ne fera qu’aller de mal en pis.
VdF : N’est-il pas utopique au 21ème siècle de vouloir le retour du roi très chrétien dans nos sociétés athées, démocratiques et fondamentalement libertariennes ?
Vous savez, il semblait bien utopique d’imaginer la Monarchie capétienne huit fois centenaire être renversée à la veille de la Révolution. Pourtant, cela est bien arrivé, malheureusement.
En effet, la République semble si bien ancrée dans notre société et dans les esprits de nos contemporains, avec tout son cortège de valeurs mortifères et de mensonges, qu’il paraît difficile voire impossible d’espérer une véritable restauration. Cependant, les illusions sur ce système tombent de plus en plus à l’heure actuelle entre les crises et les scandales auxquels la République n’arrive pas à faire face. Les Français voient bien le niveau de corruption de nos pseudo-élites. Les travaux récents de certains historiens permettent aussi à un nombre croissant de personnes de se rendre compte des mensonges construits par la République sur la Monarchie et l’Ancien Régime. Le taux de suicide chez les jeunes, à un niveau jamais connu à toutes les époques et dans toutes les sociétés, devrait interloquer les derniers crédules.
Notre société est malade. Et pour soigner un malade, on ne lui administre pas un peu de remède, mêlé à du poison. On lui donne ce que l’on a de mieux comme médicament. Ce remède, c’est bien la Monarchie capétienne qui a fait ses preuves pendant plus de huit siècles, apportant à la France le bonheur et la prospérité, malgré les vicissitudes inévitables des hommes.
Nous savons que le combat est difficile. Mais nous devons prendre exemple sur nos prédécesseurs, apprendre de leurs erreurs et s’enrichir de leur expérience, afin de tout mettre en œuvre pour faire connaître ce trésor qu’est la Monarchie traditionnelle française.
Je ne sais pas si, de mon vivant, je verrai le retour des Lys. Mais je pourrai au moins me satisfaire d’avoir transmis cette flamme qui ne s’est jamais éteinte depuis 1789.
En tant que jeune royaliste, confiant dans l’avenir et la Providence, je finirai sur ces paroles pleines d’espoir du Général vendéen de Charette :
« Notre Patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi… Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. [...] Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée ; pour nous elle est une terre. Ils l’ont dans le cerveau ; nous l’avons sous les pieds… Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions ; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur… »
VdF
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VdF : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter ?Âgé de bientôt vingt-cinq ans, je suis étudiant en master et prépare les concours de l’enseignement de l’histoire-géographie à Strasbourg. Né à Nice de parents aux origines diverses (allemandes, italiennes, franc-comtoises), je suis cependant très attaché à l’Alsace où je vis depuis près de vingt ans maintenant. Royaliste et légitimiste, c’est à dire fidèle à l’aîné des Capétiens en la personne de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Louis XX, je suis président depuis sa création du Cercle Saint-Materne, seule association légitimiste d’Alsace. Nous sommes rattachés à l’Union des Cercles Légitimistes de France à laquelle notre cercle est en train d’adhérer.
VdF : Pour quelles principales raisons êtes-vous royaliste ?
Il y a tellement d’arguments qui font de moi un royaliste convaincu… Si je puis me permettre, je les résumerais en trois mots : amour, foi et raison.
Le premier dans l’ordre chronologique est pour moi d’ordre sentimental. Depuis tout petit, j’ai toujours été fasciné par les rois, je connaissais la liste des rois de France par cœur. J’avais conscience qu’ils avaient fait la gloire de ce pays que j’aimais tant.
A l’adolescence, j’étais déjà royaliste même si je n’avais pas de doctrine solide. Je m’en suis hélas un peu éloigné au lycée, sans jamais renier, avant d’y revenir pendant mes études. Ce fût presque inconsciemment que mon regard se tourna alors vers celui que les règles dynastiques bénies par la Providence désignaient, et ce avant même de connaître les Lois Fondamentales.
La deuxième raison est religieuse. C’est ma découverte de la Tradition catholique qui opéra en moi une véritable conversion, qui me fit réellement apprécier tous les bienfaits de la monarchie et, surtout, son extrême cohérence avec la doctrine catholique. Je ne peux entrer ici dans les détails mais par exemple, l’alliance du Trône et de l’Autel qui épouse on ne peut mieux la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, ou encore la recherche du Bien commun que poursuit le monarque, la volonté de faire vivre les sujets selon la vertu qui est caractéristique de la véritable autorité, très éloignée du pouvoir sans freins moral et religieux qu’ont nos dirigeants modernes ! Enfin, l’action de la Providence se vérifie dans l’histoire. L’épisode le plus éclatant étant bien évidemment sainte Jeanne d’Arc qui reçut pour mission divine de faire sacrer le roi légitime, Charles VII. C’est un exemple frappant pour tous les catholiques qui pensent que Dieu ne se préoccupe pas de la politique des hommes ! Je peux ainsi faire mienne cette affirmation du Comte Maurice d’Andigné, « Avant d’être royaliste, je suis catholique et français. Je dirais même que je ne suis royaliste que parce que je suis catholique et français ».
Je me suis ensuite intéressé de plus près à la Monarchie française, à son histoire et à ses institutions. C’est là qu’est venue la troisième raison qui ne fit qu’affirmer mon attachement au Roi. En effet, mes lectures me firent découvrir toute la beauté des institutions de l’Ancienne France, ainsi que la cohérence et l’intégrité de la doctrine royale capétienne traditionnelle. Je découvris alors l’ampleur des mensonges républicains, notamment sur les valeurs erronées ou faussées que l’on retrouve dans la devise républicaine que nous connaissons tous. Je me rendis compte à quel point la démocratie, en plus d’être une utopie, était un leurre et plus que jamais dans nos sociétés modernes ! Au contraire, il m’apparut comme évident que le gouvernement d’un seul, désigné par une règle intangible sans que les hommes puissent intervenir, d’un homme qui n’a pas besoin de séduire les foules pour obtenir et garder son pouvoir et qui doit transmettre à son fils un royaume en bon état, était à la fois bien plus naturel et surtout meilleur. Comme Claude de Seyssel, le célèbre conseiller de Louis XII, il est pour moi évident que la monarchie est meilleure que toutes les autres formes de gouvernement, et que, comme il le dit lui même dans sa Monarchie de France, la Monarchie française est « mieux réglée que nulle autre », principalement grâce à l’œuvre sublime que sont les Lois Fondamentales du Royaume, la constitution non écrite qui régissait les institutions de l’Ancienne France.
VdF : Vous êtes membre de l’UCLF. Merci de nous la présenter. D’une manière générale ne trouvez-vous pas que cette association est trop peu visible ?
L’UCLF a été fondée en 1979 par Monsieur Gérard Saclier de la Bâtie. Celle-ci prenait en fait la suite de l’Association générale des Légitimistes de France, fondée en 1956 à la demande de Monseigneur le Prince Jacques-Henri de Bourbon, dit Henri VI, le grand-père de notre Prince Louis. C’est lors de la même année 1956 que fût créée La Gazette royale, qui est toujours aujourd’hui le bulletin trimestriel de l’UCLF.
Il est nécessaire de préciser immédiatement que l’UCLF n’est pas un parti. En tant que royalistes, nous sommes évidemment contre la logique des partis qui divise le pays et paralyse la politique nationale. L’histoire depuis la Révolution nous a également appris que la participation au jeu démocratique ne pouvait que faire reculer nos idées et qu’utiliser les armes de l’ennemi ne serait d’aucun bénéfice pour notre combat. Pire encore, elle nous a divisé, nous a fait perdre des forces et fait tomber beaucoup d’anciens royalistes dans les partis républicains.
L’UCLF a donc pour but de coordonner les diverses associations légitimistes qui agissent dans le cadre des anciennes provinces. C’est un système volontairement décentralisé, avec des associations autonomes se développant au sein des provinces historiques et non pas des départements républicains qui sont, pour un grand nombre, des entités factices et totalement déracinées.
Le but premier de l’UCLF, visible sur leur site internet, est « d’étudier et de faire connaître la légitimité historique française et de servir de lien entre les associations ayant le même but ».
L’accent est donc mis sur la formation doctrinale politique, philosophique et aussi historique.
Le président de l’UCLF est actuellement Monsieur Pierre Bodin.
Concernant votre deuxième question, l’UCLF est visible sur internet par un site officiel (www.uclf.org), sa bibliothèque en ligne Vive le Roy (www.viveleroy.fr) qui met à disposition une documentation de plus en plus abondante pour la formation à la doctrine monarchiste capétienne traditionnelle, ainsi que par son Forum du Royaume de France (royaume-de-france.clicforum.com/) qui connaît une activité non négligeable. Les universités d’été Saint Louis ont de plus en plus de succès auprès des jeunes. Des cercles possèdent leur propre site internet, voire une presse (Bretagne, Lorraine, Provence, etc.)
Il est vrai que l’UCLF ne possède pas le même éclairage que d’autres mouvements royalistes. L’association a fait le choix de privilégier le contenu à la forme. C’est d’ailleurs ce qui m’a attiré chez eux. La qualité de la formation doctrinale y est incomparable par rapport à celle que l’on trouve dans la plupart des autres associations royalistes qui tombent fréquemment dans le piège de l’activisme et du combat démocratique, combat perdu d’avance.
Cependant, de nombreux membres de l’UCLF sont conscients qu’il est nécessaire de développer notre audience et que pour cela, il nous fallait par exemple utiliser au mieux et plus fréquemment de nouveaux formats et faire des efforts de communication. Le forum notamment rencontre un succès important et permet, non seulement aux légitimistes d’échanger sur de nombreux sujets, mais aussi à des visiteurs curieux de découvrir nos idées. Parallèlement, une page Facebook de l’UCLF a été créée très récemment.
Les présidents de cercles ont des projets divers. Chez nous en Alsace, nous prévoyons par exemple de réaliser quelques vidéos ainsi que des conférences.
Plus généralement, plusieurs membres de l’UCLF témoignent du nombre croissant de jeunes intéressés par notre combat, ce qui montre le dynamisme de l’association. Cependant, si nous désirons améliorer notre visibilité, notre but reste de ne faire aucun compromis sur la doctrine et sur nos principes. Cette droiture, cette cohérence et cette rectitude font selon moi partie des atouts majeurs de l’UCLF.
VdF : Il n’existe pas que l’UCLF comme association royaliste. Toutes ces associations sont également peu connues, voire inconnues de nos compatriotes. Le regrettez-vous ? Comment l’expliquez-vous ?
En effet, il existe des myriades d’associations royalistes, plus ou moins valables d’ailleurs. Elles sont, pour la plupart, peu connues des Français car elles n’ont pas accès aux grands médias. C’est regrettable mais le système est ainsi. Tout ce qui est hostile à la République, à l’Union européenne ou à d’autres forces qui dominent notre société, n’a aucune place dans les médias. De plus, il faut ajouter que les associations royalistes ont en général très peu de moyens. Cela rend la tâche encore plus difficile. Beaucoup de Français ne pensent même pas à se tourner vers nous, car pour eux l’alternative royale n’est plus envisageable. On voit ici que la propagande républicaine a porté ses fruits. Heureusement, le développement d’internet est un très grand apport pour nous et a permis aux royalistes d’être bien plus visibles. C’est d’ailleurs grâce à internet que j’ai pu en partie me former et aussi découvrir l’UCLF, dont je n’avais jamais entendu parler auparavant.
VdF : Le royalisme prône l’unité, mais les royalistes sont divisés en multiples chapelles (légitimisme, orléanisme, survivantisme, providentialisme). Déplorez-vous cet état de fait ? Comment expliquez-vous cette multiplicité doctrinale ?
Il est vrai que la base du royalisme est normalement l’unité autour du souverain. Hélas, cela n’est pas le cas. Tout comme avec l’Église où certains que l’on nomme hérétiques se sont séparés de la foi, certains courants royalistes se sont éloignés à la fois du souverain légitime et de la doctrine capétienne traditionnelle. Cela est le cas depuis le début de la Révolution quand les monarchiens qui souhaitaient une monarchie plus libérale, à l’anglaise, se sont dressés contre le Roi. Aujourd’hui, un grand nombre de mouvements royalistes se sont laissé tenter par le libéralisme et pas seulement les fidèles de la branche des Orléans. C’est en effet déplorable mais cela est l’œuvre de la Révolution qui ne cesse de diviser depuis 1789.
Dans nos cercles, nous répétons à temps et à contretemps que l’unité des royalistes, et même des Français, ne peut se faire qu’autour du Roi légitime et de la tradition monarchique capétienne traditionnelle. En aucun cas une union œcuménique provisoire à des fins électorales ne porterait des fruits, puisqu’elle ne ferait que repousser à un hypothétique et utopique lendemain les querelles dynastiques et faire avancer les idées libéralo-orléanistes révolutionnaires parmi les royalistes. Je passerai sur le survivantisme qui, à mes yeux, n’est pas très intéressant puisqu’il concerne des gens qui n’acceptent pas les preuves historiques désormais irréfutables de la mort de Louis XVII en 1795. Le providentialisme est en revanche plus problématique, puisque c’est une position qui peut facilement séduire des catholiques. Cette position se résume à une attente d’un monarque envoyé par Dieu. Dans ce cas, aucune promotion du Roi ne peut être faite vu qu’il ne s’est pas encore manifesté. Les providentialistes peuvent donc assez facilement se laisser gagner par la passivité. Notre position est de rester fidèles à la dynastie choisie par Dieu pour la France. En témoigne l’exemple glorieux de Jeanne d’Arc. Nous ne pouvons connaître à l’avance les plans de Dieu et nous agissons dans le présent.
VdF : Qui, selon les lois fondamentales du royaume, serait ou est le roi de France ?
Les Lois fondamentales sont la constitution non écrite de l’Ancienne France. On entend souvent dire que la France n’avait pas de constitution avant la République. C’est absolument faux ! Simplement, elle n’était pas écrite, tout comme le Royaume-Uni aujourd’hui n’a pas de constitution à proprement parler, mais un ensemble de lois et de textes législatifs.
C’est peut-être l’œuvre majeure des Capétiens car c’est elle qui assurait « la tranquillité de l’ordre » dont parle saint Augustin, ainsi que « l’unité de la paix » chère à saint Thomas d’Aquin. En effet, ces institutions permettent la continuité du Bien commun en soustrayant la désignation du dirigeant au choix des hommes, ce qui permet d’éviter les passions et conflits qu’entrainent indubitablement ce choix. Nous pouvons d’ailleurs voir ces passions en action à chaque élection…
Les Lois Fondamentales représentent donc le principal héritage de la monarchie capétienne, avec l’alliance du Trône et de l’Autel. Nous y sommes particulièrement attachés.
Pour revenir à votre question après cette brève explication, les Lois fondamentales sont claires et irréfutables pour désigner le Roi, ce qui fait qu’il n’y a pas normalement de « prétendant » au trône de France. Le Roi de France est Louis XX, et ce depuis la mort tragique de son père Alphonse II le 30 janvier 1989. En France, nous avons ainsi toujours un roi, jamais de vacance du pouvoir. C’est ce que signifie l’adage « le Roi est mort, vive le Roi ! ». Cela faisait dire à notre Prince, à la suite de son père, « je ne prétends à rien, je suis ».
Henri d’Orléans est 81e dans l’ordre de succession. Je suis obligé de le préciser puisque les Orléanistes revendiquent le trône pour ce dernier en niant ainsi les Lois fondamentales. Ne pas tenir compte de ces lois, c’est tout simplement faire fi de l’héritage construit patiemment par nos rois. Je rappelle également que ces lois permettent aussi que le monarque ne tombe pas dans la tyrannie. En effet, il n’est pas propriétaire de la couronne et ne peut modifier l’ordre de succession.
VdF : Comprenez-vous que des royalistes soient attirés par le vote contestataire, représenté à tort ou à raison par le Front national depuis les années 1980 ?
Il faut d’abord lever une première ambiguïté. Le « vote contestataire » est un leurre qu’utilisent les Républicains depuis 1870 principalement pour nous convertir aux idées révolutionnaires. Léon Gambetta ne disait-il pas que « l’esprit de démocratie a envahi toutes les cervelles et pénétré jusqu’à nos adversaires les plus avérés » ?
Saint Thomas avançait très justement l’idée que « la forme dépend nécessairement de la fin de l’action », autrement dit que l’on doit agir comme l’on pense, mais aussi que nos actions modèlent notre façon de penser. C’est ce qui s’est passé avec les catholiques, surtout depuis le ralliement à la République prôné à tort, comme il l’a reconnu lui-même à la fin de sa vie, par le pape Léon XIII. A force d’agir en libéraux, les catholiques et les royalistes ont fini par penser de plus en plus en libéraux. Le Front National, héritier du Boulangisme populiste mais aussi de l’Orléanisme politique et de l’Action Française maurrassienne, s’est présenté dans les années 1980 comme un parti voulant restaurer les valeurs originelles de la France. Le FN de Jean-Marie Le Pen jouait volontairement sur les symboles catholiques et royalistes pour les attirer. Beaucoup de ces royalistes furent séduits et se mirent à penser que le FN pouvait être un moyen de salut pour lutter contre le système républicain, voire un tremplin vers une restauration monarchique.
Cependant, le FN de Marine Le Pen n’entretient aujourd’hui plus aucune ambiguïté. Il est clairement républicain, démocrate et laïciste. Les positions de Marine Le Pen, notamment sur l’avortement, sont anticatholiques. Voter, pour quelque parti que ce soit, c’est entretenir la machine. Ce n’est pas pour rien que l’abstention affole tant les politiciens ainsi que les médias. Le vote FN est utilisé pour canaliser les mécontentements dans une forme républicaine et démocrate, aux faux airs dissidents et antisystèmes. Il suffit de voir la place occupée par Marine Le Pen et son parti dans les médias pour se rendre compte de la supercherie, quand on sait qu’aucune place n’est destinée aux vrais contestataires antirépublicains, et même aux opposants sérieux à l’Union européenne.
Voter FN, c’est donc à la foi inutile et contraire à la doctrine catholique, notamment à cause de la position du parti sur l’avortement.
VdF : Quel est votre avis sur les manifestations de rue contre les lois anti-naturelles ?
Il faut d’abord noter qu’il est rassurant de voir qu’un nombre conséquent de Français sont encore choqués par les attaques républicaines contre les lois naturelles et la famille. Je ne serai donc pas méprisant envers ces révoltes de personnes de tous âges qui se sont levées afin de montrer leur indignation devant ces abominations. Notre Prince les a d’ailleurs qualifiées récemment, dans un entretien au Mouvement Catholique des Familles, de réactions « admirables », en évoquant ces « millions de personnes dans la rue, ces familles, ces parents et grands-parents, ces enfants, (qui) tous ont voulu montrer leur attachement à la famille traditionnelle, creuset de la société ».
Cependant, ce constat positif ne nous empêche pas d’analyser ces mouvements, leur composition et leur efficacité.
En effet, nous avons vu avec ces manifestations, l’idée de rassembler tous les opposants au « mariage » contre-nature, sans aucune étiquette politique ou religieuse. Penchons nous sur les résultats. En effet, nous pouvons nous réjouir du nombre très important de participants à ces manifestations. Cependant, quelles en furent les conséquences ? La loi a-t-elle été retirée ? Aucunement. La pétition auprès du Conseil économique et social rassemblant plus de 700.000 signatures n’eut pas plus de succès. Cela nous montre que la démocratie est bel et bien un mythe et qu’en plus de cela, ce n’est pas le nombre qui permet de remporter des victoires.
Je pense que ces manifestations sont typiques de la manière de procéder des catholiques depuis au moins plus de cent ans. Ils sont toujours à la remorque des progressistes, à répondre à leurs attaques. La République fait tout pour détruire la famille depuis la Révolution : divorce, mariage civil, contraception, avortement, pacs, etc. Ce n’est pas nouveau ! Au lieu de s’attaquer à la source de ces maux, c’est à dire la République, les catholiques s’obstinent à protester, de manière impuissante et isolée, simplement contre ses méfaits. La plupart du temps, cela se fait en plus en employant les méthodes révolutionnaires que sont le vote, les manifestations ou encore les pétitions, méthodes qui ne peuvent que faire avancer la Révolution puisqu’on finit toujours par penser comme on agit. Pire encore, nous avons vu en tête des « Manif Pour Tous » des jeunes femmes coiffées de bonnets phrygiens ! « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet…
Tant que les catholiques et les hommes de bon sens n’auront pas compris que, pour en finir durablement avec toutes ces attaques aux lois naturelles, il faut d’abord en finir avec leur cause qui est la République, tout cela ne fera qu’aller de mal en pis.
VdF : N’est-il pas utopique au 21ème siècle de vouloir le retour du roi très chrétien dans nos sociétés athées, démocratiques et fondamentalement libertariennes ?
Vous savez, il semblait bien utopique d’imaginer la Monarchie capétienne huit fois centenaire être renversée à la veille de la Révolution. Pourtant, cela est bien arrivé, malheureusement.
En effet, la République semble si bien ancrée dans notre société et dans les esprits de nos contemporains, avec tout son cortège de valeurs mortifères et de mensonges, qu’il paraît difficile voire impossible d’espérer une véritable restauration. Cependant, les illusions sur ce système tombent de plus en plus à l’heure actuelle entre les crises et les scandales auxquels la République n’arrive pas à faire face. Les Français voient bien le niveau de corruption de nos pseudo-élites. Les travaux récents de certains historiens permettent aussi à un nombre croissant de personnes de se rendre compte des mensonges construits par la République sur la Monarchie et l’Ancien Régime. Le taux de suicide chez les jeunes, à un niveau jamais connu à toutes les époques et dans toutes les sociétés, devrait interloquer les derniers crédules.
Notre société est malade. Et pour soigner un malade, on ne lui administre pas un peu de remède, mêlé à du poison. On lui donne ce que l’on a de mieux comme médicament. Ce remède, c’est bien la Monarchie capétienne qui a fait ses preuves pendant plus de huit siècles, apportant à la France le bonheur et la prospérité, malgré les vicissitudes inévitables des hommes.
Nous savons que le combat est difficile. Mais nous devons prendre exemple sur nos prédécesseurs, apprendre de leurs erreurs et s’enrichir de leur expérience, afin de tout mettre en œuvre pour faire connaître ce trésor qu’est la Monarchie traditionnelle française.
Je ne sais pas si, de mon vivant, je verrai le retour des Lys. Mais je pourrai au moins me satisfaire d’avoir transmis cette flamme qui ne s’est jamais éteinte depuis 1789.
En tant que jeune royaliste, confiant dans l’avenir et la Providence, je finirai sur ces paroles pleines d’espoir du Général vendéen de Charette :
« Notre Patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi… Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. [...] Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée ; pour nous elle est une terre. Ils l’ont dans le cerveau ; nous l’avons sous les pieds… Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions ; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur… »
Propos recueillis par Franck ABED
Mars 2014
Mars 2014
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