"Personne, sous aucun prétexte, n'obtiendra de moi que je consente a devenir le roi légitime de la Révolution"
Henri V

lundi 22 juillet 2013

22 juillet 1461

mort de Charles VII le Victorieux (né le 22/02/1403)



 



Gisants de Charles VII et Marie d'Anjou.

La chapelle caroline où furent placés les gisants de Charles VII et Marie d'Anjou (emplacement C).
Il fut inhumé en l'église abbatiale de Saint-Denis, où il reposa avec son épouse jusqu'à la Révolution, dans la chapelle caroline de Saint-Jean-Baptiste. Les travaux de construction du tombeau débutèrent avant même le décès de la reine et furent achevés entre 1464 et 1465. Le socle de marbre noir n'était pas entouré de pleurants ni de statuettes princières, à la différence des tombeaux de Charles V et de Charles VI. Deux colonnes de marbre blanc sculpté bordaient les gisants sur la dalle. On retrouvait dais, coussins et chiens traditionnels. Une inscription funéraire était gravée au dos du dais de Marie d'Anjou. La réalisation des gisants est attribuée à Michel Colombe (1430-1513). Le grand sculpteur, célèbre pour la réalisation du tombeau de François II de Bretagne, n’a guère séjourné en Île-de-France mais il a suivi les rois dans leur déplacement de Bourges à Tours.
Le document de la collection Gaignières (aujourd'hui à Oxford, à la Bodleian Library) montre qu'au XVIIe siècle, le tombeau n'était plus intact. Les bras des souverains avaient été cassés et les couronnes amputées. On ne sait à quelle période eurent lieu ces dégradations marginales.
Cependant, le monument était relativement bien préservé comme le prouve l'état du décor gothique entourant les deux gisants, tout au moins jusqu'à la fin du XVIIe siècle car si le dessins Gaignières reproduit les deux colonnettes horizontales gothiques sur les côtés de la dalle, le plan de dom Félibien de 1706 ne les montre plus. Ce plan, très détaillé, les maintient pour les tombeaux de Charles V et Charles VI, ce qui peut laisser penser qu'il y eut des travaux inachevés au début du XVIIIe siècle qui motivèrent un retrait temporaire de cette décoration.
Le tombeau fut détruit du 5 au 8 août 1793. À la différence des gisants de Charles V et de Charles VI (et d’Isabeau de Bavière), ceux de Charles VII et de Marie d’Anjou furent brisés à coup de masse. Alexandre Lenoir put sauver les bustes des gisants qu’il fit détacher des parties supérieures amputées et s’émiettant. Aussi fit-il découper horizontalement à la scie ce qui restait de récupérable pour le transporter dans les réserves du Musée des Monuments français.
Au XIXe siècle, les deux vestiges ne retournèrent pas à Saint-Denis mais subirent une restauration (nouveaux nez, nouvelles couronnes), peut-être à l’initiative de Viollet-le-Duc. Ils furent ensuite envoyés aux Archives nationales puis au Louvre et enfin retournèrent à la fin des années 1990 dans la basilique Saint-Denis, juste à côté du tombeau de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, sur des colonnes se faisant face.
 
 
avènement de Louis XI le Prudent (1461-1483).
 
 
Sa première action de monarque fut de profiter de la crise de succession en Aragon. En effet, Alphonse le Magnanime était mort en 1458. Jean II, frère du défunt, disputait la couronne à son fils Charles de Viane. Celui-ci fut retrouvé mort en septembre 1461, ce qui déclencha une guerre civile entre Jean II et les villes, en particulier Barcelone. Louis XI tenta de s’allier aux États de Catalogne. Devant leur refus poli, il se tourna vers Jean II, lequel lui céda les revenus des comtés de Roussillon et de Cerdagne en échange de son aide. Louis XI en prit tout bonnement possession.
Il intervint également dans la querelle dynastique savoyarde. Avant que Nicolas Machiavel écrive Le Prince, il savait bien que le souverain devait se présenter au peuple afin de régner mieux. Ainsi, Louis étant à Saint-Jean-de-Luz s'en alla jusqu'à Toulouse où il arriva le 26 mai 1463, dévastée par un grand incendie (à partir du 7 mai). Il y arriva le 26 mai et y demeura trois semaines pour soutenir la reconstruction de la ville. « Le roi sur les routes » (selon l'expression de Jacques Heers) devint désormais une de ses manières politiques de prédilection.
À l’intérieur se forma, en mars 1465, la ligue du Bien public. Très comparable à la Praguerie, elle avait à sa tête Charles de Charolais (Charles le Téméraire), fils de Philippe le Bon, qui au fond souhaitait que se pérennise la rupture du lien de vassalité du duc de Bourgogne au roi de France.
Le déclenchement de cette révolte des grands féodaux était dû à un incident avec les Bourguignons. En 1463, Louis XI avait décidé de racheter les villes de la Somme qui avaient été cédées au duc de Bourgogne alors premier pair de France et prince le plus puissant du Saint Empire. Cette cession, décidée au traité d'Arras de 1435 devait compenser l’assassinat de Jean sans Peur à Montereau, le 10 septembre 1419. La nouvelle du rachat avait suscité la colère de Charles de Charolais qui s'était dès lors opposé à son père, Philippe le Bon. François II de Bretagne s’allia aux Bourguignons. Se joignirent à eux Jean II de Bourbon et Jean V d'Armagnac. Le mécontentement ne s’arrêtait pas aux grands vassaux. La pression fiscale avait beaucoup augmenté à la suite du rachat des villes de la Somme, pour 400 000 écus. Louis XI avait exigé des prêts du clergé, forcé les établissements religieux à lui fournir un inventaire de leurs biens, privé l’Université et le corps des archers et arbalétriers de Paris de leurs privilèges. Il avait supprimé la Pragmatique Sanction.
Contre la ligue du Bien Public, Louis XI se mit personnellement à la tête d’une grande offensive. Après la chute de Moulins, les Bourbons se soumirent. Louis XI fit volte-face vers Paris, menacée par les Bretons et les Bourguignons. Il livra une grande bataille à Montlhéry, le 16 juillet 1465, pleine de confusion et de sang et sans réel vainqueur, mais le siège de Paris fut brisé. Louis XI parvint cependant à négocier une paix où il ne concédait rien pour réformer l’État. Il lâcha cependant le gouvernement de Normandie à son frère. Celui-ci ne parvint pas à prendre en main son gouvernement, et dut s’exiler. Son troisième fils prénommé François naît le 4 décembre 1466 mais meurt 4 heures plus tard. Le 10 septembre 1468, par le traité d'Ancenis, Charles de France et François II de Bretagne firent la paix avec la couronne et rompirent, du moins officiellement, avec les Bourguignons. Mais un second traité sera nécessaire, pour vaincre les velléités de François II, lors du traité de Senlis de 1475.
En cette même année 1468, redoutant le débarquement d'une armée anglaise qui unirait ses forces à celles bourguignonnes et persuadé qu'il saurait manipuler à son avantage son cousin de Bourgogne, Louis XI proposa une négociation à celui-ci (via le cardinal de La Balue), suite à quoi Bourgogne l'invita dans son château de Péronne. Louis XI s’y rendit aussitôt avec une petite escorte. Au cours des pourparlers de cette entrevue, Liège se rebella contre la tutelle bourguignonne. Il apparut rapidement que des commissaires royaux avaient encouragé les Liégeois à se révolter une nouvelle fois. Bouillant de colère de la duplicité royale, le Téméraire fit fermer les portes du château et de la ville : Louis XI était pris au piège, en fait en danger de mort. Secrètement averti (par Philippe de Commynes, alors chambellan du duc de Bourgogne) de la gravité du danger encouru, le roi n'eut d'autre solution que de signer un traité désavantageux où, en cas de manquement de sa part, les fiefs bourguignons de mouvance française échapperaient à sa juridiction et suzeraineté. Il dût en outre promettre de donner la Champagne et la Brie en apanage à son frère cadet Charles de France, ex-ligueur du Bien Public et allié du Téméraire. Il dut enfin accompagner le Bourguignon dans son expédition punitive contre Liège et regarder brûler, le 30 octobre 1468, la ville rebelle.

Dessin représentant vraisemblablement Louis XI et ayant servi de modèle au XVIIe siècle à un portrait du roi qui se trouvait au Palais-royal dans les collections des Orléans et qui fut vendu en Angleterre vers 1851 (Musée de l’Ermitage).
Une fois sa pleine liberté d'agir retrouvée, Louis XI refusa de s’exécuter et n’accorda à Charles que la Guyenne, pays pacifié depuis peu et difficile à tenir. Il fit emprisonner son conseiller, le cardinal La Balue, en 1469, année au cours de laquelle il fonda l'ordre de Saint-Michel. En décembre 1470, le roi dénonça le traité de Péronne. En réponse, le duc de Bourgogne se déclara, en novembre 1471, affranchi de la suzeraineté du roi de France, conformément à la clause de non-respect incluse dans ce traité.
En 1470, naquit le quatrième fils du roi : Charles, futur Charles VIII, et deux ans plus tard un cinquième fils vit le jour (à Amboise, le 3 septembre 1472) ; prénommé à nouveau François, il fut titré duc de Berry mais mourut en juillet 1473.
En juin 1472, pour répondre à une demande d'aide du duc de Bretagne, à la frontière de laquelle Louis XI vient d'envoyer des troupes, le Téméraire rompt la trêve avec la France, envahit la Picardie, massacre la population de Nesle, mais échoue devant Beauvais, vaillamment défendu par ses habitants, dont Jeanne Hachette ; il ravage alors la Normandie vainement, avant de se retirer dans ses terres sans gain politique réel.
Suite à un traité d'alliance (traité de Londres, 25 juillet 1474) avec son beau-frère Charles le Téméraire qui l'avait convaincu de reprendre les hostilités contre Louis XI, le roi d’Angleterre Édouard IV débarqua à Calais avec son armée (4 juillet 1475) pour la joindre à celle du duc de Bourgogne, envahir la France et si possible détrôner son monarque. Démontrant toute son habileté de négociateur et tacticien, Louis XI parvint à dénouer cette alliance anglo-bourguignonne en signant lui-même avec Édouard IV, moyennant 500 000 écus versés à celui-ci, le traité de Picquigny (le 29 août 1475) qui mettait fin à la guerre de Cent Ans et privait, à la grande colère du Téméraire, les États Bourguignons de leur dernier vrai allié.
Réduire la puissance des grands vassaux fut une constante du règne de Louis XI.

Remise de la charte aux bourgeois de la ville d'Angers par le roi de France Louis XI en 1474, par Jules Dauban (1901).
En 1474, le Roi de France manœuvre contre son oncle René d'Anjou, dont il désire annexer le domaine angevin. Louis XI se rend à Angers avec son armée, sous couvert d'une visite de courtoisie. René d'Anjou, qui réside dans sa résidence de chasse de Baugé non loin d'Angers, voit arriver son royal neveu, sans se douter qu'une fois dans la cité angevine, celui-ci demandera les clefs de la capitale de l'Anjou. La surprise est totale. Louis XI installe aussitôt une garnison dans le château d'Angers et en confie le commandement à Guillaume de Cerisay. À 65 ans, René d'Anjou ne peut ni ne veut entamer une guerre contre son neveu, le Roi de France. Il lui cède l'Anjou sans combat et se tourne vers la Provence dont il est le souverain et qu’il rejoint aussitôt. Louis XI nomme Guillaume de Cerisay, gouverneur de l'Anjou, ainsi que maire de la cité d'Angers. L'Anjou cessa dès lors d'être un apanage et entra définitivement dans le domaine royal.

Blanc au soleil sous Louis XI le Prudent
En 1475, après le traité de Picquigny, Louis XI commença à effectuer la libération de Marguerite d'Anjou, fille de René d'Anjou et qui fut reine d'Angleterre, avant d'être emprisonnée après l'exécution de son mari le roi Henri VI d'Angleterre en 1471 dans la tour de Londres. Il fallut que Louis XI paie 50 000 écus d'or pour cette libération. Le 29 janvier 1476, Marguerite regagna Rouen, aux officiers royaux. Cependant, avant de rejoindre son père à Aix-en-Provence, elle dut par conséquent renoncer à ses droits sur l'héritage angevin, en faisant un testament en faveur du roi Louis XI. C'est la raison pour laquelle elle passa en Anjou ses derniers jours sans ressources, après la mort du Roi René (1480).
En 1477, quand Charles le Téméraire mourut au siège de Nancy, Louis XI tenta de s’emparer de ses États, mais se heurta à Maximilien d’Autriche, qui avait épousé la fille du défunt, Marie de Bourgogne.
La même année, il créa le Relais de poste. En effet, Louis XI aimait décider de tout. Encore lui fallait-il connaître tout. Il est vrai qu'il dictait très fréquemment : « Je vous prye que me faictes souvent sçavoir de voz nouvelles ». C'est précisément la raison pour laquelle il organisa ce système. « C'est d'abord et avant tout pour lui : il ne peut être informé que le premier. »

Bronze du roi Louis XI exécuté par Jean Baffier en 1885 à Bourges.
En 1482, il parvint à récupérer la Picardie et le duché de Bourgogne, par le traité d’Arras.
Le comté de Bourgogne ou Franche-Comté, l'Artois et la Flandre étaient également remises à la France au titre de la dot de Marguerite de Bourgogne (la fille de Marie de Bourgogne), qui devait devenir reine de France en épousant le futur Charles VIII; Louis XI s'était assuré auparavant de leur possession lors des combats qui avaient suivi la mort de Charles le Téméraire. Finalement, Charles VIII renoncera à ce mariage et restituera la plus grosse part de la dot.
Par le jeu d’héritages, dont celui de René Ier d'Anjou, il entra en possession du Maine et de la Provence. Louis récupéra également la vicomté de Thouars qu’il avait repris à Nicolas d’Anjou en 1472 après qu’il eut rallié le Bourguignon.
Soucieux que son fils poursuive sa politique de réunions, Louis XI fit rédiger vers 1482 à son intention un traité d'éducation politique, historique et moral par son médecin Pierre Choisnet, le Rosier des guerres.
Il attribua Talmont et Berrie à Philippe de Commynes. Concernant la Vicomté de Thouars, il finit par engager son attribution à Louis II de la Trémoille mais le roi décéda avant la restitution effective de ce vicomté.
 

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